E-logistique : Quelle politique de stock et schéma logistique pour un site emarchand ?

Publié le par Suzanne RICHET

 Une des clés de la réussite d’un projet d’un e-commerce est la parfaite maîtrise de la chaine logistique. Mais ce site doit-il disposer d’un stock ? Ce stock est il propre ? Où ? qui le gère ? … Autant de questions essentielles pour le démarrage d’un projet. 3 politiques de stock semblent actuellement faire la tendance au sein des entreprises leaders du marché.

 

emballage1. Une plate-forme de suremballage adossée aux  stocks de l’entreprise

Cette solution correspond généralement aux « click and mortars »(*) qui ont modifié leurs organisations pour absorber progressivement les spécificités des ventes sur le web  (ex : Auchan.fr, Boulanger.fr  …) et abordent ainsi le « multi-canal ».

 

L’entreprise décide donc de puiser directement dans ses stocks propres. Le site dispose du même catalogue que les magasins et propose sur le site internet le stock disponible dans les entrepôts sources.  Ces entrepôts effectuent chaque matin une préparation groupée à l’identique d’un nième magasin supplémentaire et envoie les palettes en direction de la plate-forme. La plate-forme regroupe les colis pour un même destinataire, les emballe et appose l’étiquette d’expédition. La plate-forme ne dispose donc pas de stockage et fonctionne donc sur un mode de cross-dock.

 

Cette solution est souvent une première étape qui permet un démarrage rapide faible en cout. En effet, cette méthode permet une automatisation et une informatisation progressive en fonction de l’apprentissage du métier et de l’augmentation des volumes.  Elle peut même être démarrée de façon totalement manuelle.

  

Cette solution peut donc être gérée en propre ou prestée chez un logisticien quel qu’il soit : finalement, cela se résume logistiquement à une prestation basique de regroupement et d’emballage, ce qui peut théoriquement être réalisée par n’importe quel prestataire logistique. Les critères de choix de ce dernier (après les notions de tarif et qualité) doivent intégrés  aussi les 2 points essentiels suivants :

·Qui gère le système informatique d’édition d’étiquettes et de bippage du code barre transporteur ?

·Existe d’il déjà des navettes avec les transporteurs choisis (coliposte, Chronopost …) car toute navette supplémentaire est un surcoût.  

   

Par contre, cette méthode attend vite ses limites dans le cas où le site veut être autonome sur son référencement et proposer ses propres achats. De plus, elle est impossible si les entrepôts sources gèrent leurs préparations au colisage (au PCB ou par combien).Enfin, les stocks étant mutualisés sur les magasins et le site, il y a des risques de rupture plus importantes.

  

 

2. Un stock dédié propre et géré par le site internet

 

Le site internet, comme une société autonome, dispose donc de produits stockés et d’une organisation pour gérer en propre ses achats, ses approvisionnements, sa logistique et son transport. Cette solution est bien sûr retenue par les entreprises « pure player »(*) qui ont débuté progressivement en totale autonomie (ex : Rueducommerce, Amazon...). Mais elle devient aussi la stratégie des sites internet adossés à des enseignes magasins, sites qui ont un chiffre d’affaires conséquent leur permettant d’absorber dans leur cout de structure les frais d’achats,  les coûts de stockage propres et les frais financiers sur stock.

 Cette solution nécessite une entreprise « mûre » en termes de gestion  de stock mais permet de références des propres produits voire des univers différents de ceux définies dans les magasins : chaque canal dispose alors de son propre catalogue.

 

 Les limites de ce système réside dans la gestion des coûts engendrés par cette solution et nécessite donc une entreprise « mûre » en termes de gestion  de stock : n’oublions pas « stocker coûte » …

 

Cette logistique peut être  géré en interne ou soit prestée. On notera désormais que certains professionnels se spécialisent sur ce domaine (ex : MORIN LOGISTIC, ARVATO, CROSSLOG …) pour apporter la qualité de la prestation nécessaire à cette activité.

 

 

3. Ne pas gérer de stock est aussi une solution

 

Le site  peut aussi décider de laisser la gestion des stocks et des livraisons à son grossiste. Dans ce cas, le site internet devient en fait un catalogue des références gérées par ce dernier et n’effectue plus d’opérations logistiques : on parle alors de DROPSHIPMENT.

Cette solution permettant de limiter les coûts de stockage est souvent utilisée par les entreprises ayant un catalogue large/ peu de stocks (ex : hyper spécialiste qui doivent disposer du maximum  de références -> ex : vendeurs de câbles…). Elle a surtout l’intérêt de ne pas ajouter à l’équipe gérant le projet e-Commerce cette problématique logistique et ses contraintes.

 

Les limites de ce système réside alors dans la gestion de commandes multi fournisseurs. En effet, quelle sera la stratégie commerciale dans le cas où le client commande 3 articles en provenance de 3 fournisseurs différents (3 colis, 1 colis suite à un regroupement sur une plate-forme …) ? le client paiera t’il 3 frais de port ? De plus, le site internet devient alors tributaire de son grossiste : qui empêchera ensuite le grossiste de faire lui-même son propre site internet ? Et où sera donc la valeur ajoutée de votre site ?

 

Dans la même tendance, nous pouvons noter désormais la place prédominante des « places de marché » qui finalement représentent grosso modo cette 3ème solution. AMAZON, RUE DU COMMERCE, PIXMANIA … proposent à de nombreux sites internet de présenter leurs catalogues sur leurs pages et par ce biais de profiter de leur notoriété. La commande est gérée par ces « sites places de marché » jusqu’au paiement. Les sites internet gèrent eux  la partie logistique et la gestion client. Cette solution permet à ces places de marché d’étendre leurs catalogues sans surcoût de stock tout en touchant une rémunération sur chaque commande.

 

entrepôtEn conclusion, la politique de stock d’un site internet dépend essentiellement de sa politique commerciale et de sa capacité à absorber dans ses marges les frais induits par cette logistique. Il est à prévoir dans l’avenir qu’un site internet mixera progressivement ces 3 formes de schéma logistiques pour apporter à son consommateur final un large référencement (les 20% des produits best gérés en propre, le fond de rayon en dropshipment ou par cross-dock …). La force  sur site résidera surtout dans sa capacité à adapter rapidement ces schémas logistiques en fonction de l’évolution et des besoins de son marché.  

 

(*) click and mortar : définit par le journal du net comme « Se dit d'une entreprise traditionnelle, le plus souvent du secteur de la distribution, ayant ajouté des activités en ligne (click) à son modèle classique (mortar). La Fnac est l'archétype de l'acteur "click & mortar" ». Par opposition, nous trouvons les pure players (ex : Cdiscount …).

 

 

Publié dans e-logistique

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